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# Acide citrique #
5 mai 2008

Pourquoi?

    Tout l'inconnu du monde tient en une question: pourquoi? La science se charge déjà du comment, la philosophie tente d'en faire autant du pourquoi; mais le pourquoi n'a jamais de réponse, et c'est bien en cela qu'il est passionant - loin de moi l'idée de dénigrer les sciences, bien entendu.

    L'esprit humain a un cruel besoin de certitudes, de barrières établies, de cadre de pensée. A un pourquoi, on doit apporter une réponse claire, expliquant les faits et répondant à la problèmatique. Cela doit tenir au fait qu'on ne peut se résoudre à ne pas maîtriser notre monde; dominer. Seulement voilà, n'est sage que celui qui accepte la seule vérité universelle: un pourquoi n'a pas de réponse.

    Et finalement... n'est-ce-pas là toute la beauté du monde?

    Je me pose beaucoup de questions en pourquoi, en ce moment. Pourquoi écrire? (et là, les connaisseurs me chanteront avec entrain et grand sourire: "Ecrire, pour quoi faire? Chanter pour quoi dire? Je préfère m'abstenir!"). Pourquoi avoir choisi médecine? Pourquoi aimer cet homme là, avec tout le désespoir et toute l'euphorie que cela implique? Trois questions existencielles qui troublent mes nuits, en ce moment. Les journées vont bien, je vous remercie. La musique est trop présente pour me laisser le temps de penser.

    Allez, soyons fous, et folles si vous faîtes dans la Zaza's attitude, je tente un début de réponse.

    Médecine. J'ai toujours vécu dans des hopitaux, aussi loin que je puisse m'en souvenir. Avec tous les problèmes de santé de la famille, ça me paraissait normal de tracer vers le CHU à la sortie du collège, et de finir mes devoirs de math sur le plateau de chevet de l'hospitalisé du mois. A force de fréquentations, je devins l'une de ceux qui aiment l'odeur des couloirs aseptisés et s'en délectent à chaque visite. Impensable pour le commun des mortels. Quand j'avais deux ans à peine, mon père avait eu l'excellente idée de m'acheter des vidéos sur le corps humain. Résultat, je connaissais les trois-quarts des os à six ans. C'était, pour moi, le plus grand mystère scientifique: la vie. Et puis, dans cette vie, il y a aussi un aspect philosophique, qui m'a très vite intéréssée. Quel était donc le rôle du médecin? Pour avoir connu de près et la maladie et la mort, j'ai fini par penser que le but premier de tout bon médecin est de soigner, et non de sauver. Combler les blessures au mieux et d'éviter toute souffrance, et morale, et physique. Tendre la main.

    Cet homme là? Sait-on vraiment ces choses... J'ai toujours eu besoin impressionant de tendresse; on a tous, au fond de nous, des failles que l'on tente de dissimuler, en fonçant certains traits. Du haut de mes airs rebels, indisciplinée et griffante à souhaits, j'ai un pachidermique complexe d'infériorité. Lui a les mêmes peurs, lui est aussi marginal que moi, et, depuis que nous nous connaissons, je me sens un peu moins folle. Lui peut se prendre à philosopher, thé en main, jusqu'à des heures peu décentes. Lui vit par la musique et pour le bonheur. Lui me ressemble tant... Et pourtant, il n'y a, ni n'y aura - sympathique exercice de diction - jamais rien d'autre qu'une liaison platonique, qui s'étire, s'amincit et se reconstruit au fil de nos discussions.

    Ecrire, nous y voilà, le point le plus intéréssant. Je pourrai, en élève studieuse, construire un plan type avec les différentes fonctions de l'écriture. La réalité est toute autre. J'aime les mots. Des phrases tournent dans ma tête, et je m'amuse à faire claquer, rouler, siffler les sons. C'est un plaisir comme tant d'autre. Et par cet art là, je dis ce que j'ai à dire. Moi qui suis artiste et bohème dans l'âme, j'ai une relation toute particulière avec l'écriture. La musique vibre selon mes émotions. Le dessin est quelque chose de plus technique, et j'ai encore du mal à le ressentir sous d'autres aspect - ce qui explique mes piètres résultats. Ecrire, c'est autre chose; exprimer des revendications, mais aussi explorer l'âme humaine. Beaucoup d'histoires basées sur une facette de la nature humaine. Des petites aventures truculemment racontées. Voilà ce que j'aime, et lire et écrire.

    Je ne sais même pas pourquoi j'écris cet article. Sans doute le plus pitoyable produit par ma main. Mais comme dirait un ami à moi, on ne fait jamais vraiment les choses sans avoir envie de les faire, sauf contrainte extérieure - "L'enfer, c'est les autres".

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